En ces temps de pandémie, la période d'incubation fait peur. Mais pour les start-up, c'est souvent une occasion en or de mûrir un projet entrepreneurial et d'établir un business plan solide. Avec, à la fin du processus, l'espoir de boucler une première levée de fonds afin de rêver plus grand.
S'il n'a pas la renommée internationale d'Y Combinator , qui vient de toucher le jackpot grâce aux introductions en bourse d'Airbnb et Doordash (voir ci-contre), Agoranov peut se targuer d'être à l'origine du succès de certaines des plus belles start-up tricolores.
« On a accompagné trois licornes (Criteo Doctolib, Dataiku) et deux autres potentielles, Shift Technology et Alan », rappelle Jean-Michel Dalle, le directeur d'Agoranov. Au total, les jeunes pousses passées par cet incubateur fondé en 2000 ont créé « plus de 12.000 emplois et levé 2 milliards d'euros », précise-t-il.
A la différence d'Y Combinator, Agoranov est financé uniquement par des fonds publics (région Ile-de-France, Ville de Paris, ministère de la Recherche, Fonds social européen) et ne prend pas de parts dans les start-up qu'il accompagne. Un choix qui tient à son statut associatif, à ses liens historiques avec le monde universitaire et à sa spécialisation dans l'industrie, la Greentech, le Numérique et la Santé.
Or, certains projets dans ces secteurs d'activité nécessitent des années de recherche fondamentale avant la création d'une start-up. Difficile, dans ces conditions, d'espérer un retour sur investissement rapide.
« On reçoit entre 200 et 250 dossiers par an. Notre mission est de donner une chance aux projets les plus innovants », détaille Jean-Michel Dalle. « On aime sélectionner les personnes sérieuses et qui font preuve d'opiniâtreté, car ces qualités sont souvent corrélées à des succès plus tard, poursuit ce polytechnicien qui, à chaque fois, prend soin de rappeler aux patrons des jeunes pousses « quelles sont les plus belles erreurs à ne pas faire ».
Pendant la période incubation, les start-up sont hébergées, bénéficient d'un accompagnement personnalisé et sont mises en relation avec des investisseurs et d'autres entrepreneurs. Au fil des ans, Jean-Michel Dalle a pu constater l'évolution des mentalités chez les jeunes entrepreneurs.
« Il est devenu standard de passer par un incubateur », observe-t-il, tout en relavant qu'il y a « depuis quelques années une plus grande disponibilité du capital au niveau de l'amorçage pour les start-up ». Un facteur décisif pour passer à l'échelle et qui devrait permettre à des pépites passées par Agoranov de continuer à écrire quelques-unes des plus belles pages de l'histoire de la French tech.
Article de Les Echos Entrepreneurs, par ADRIEN LELIEVRE
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